vendredi 22 avril 2011

LA FEMME TAMACHEK AU XXI e SIECLE

En Afrique de l’Ouest et du Nord, les Touaregs ont toujours été confrontés à d’énormes barrières socio-économiques, légales et politiques. Souvent privés des libertés et des droits fondamentaux, ils font partie des peuples les plus désavantagés et vulnérables de la planète.
Ils ont perdu le contrôle de la majorité de leurs terres ancestrales, ont peu ou rien à dire sur les décisions les affectant, sont l’objet de projets et de décisions qui ne sont pas adaptés à leurs besoins ou qui sont même souvent nuisibles à leur santé, leur vie économique, sociale et culturelle. Ces mauvaises conditions, vécues par le peuple touareg, sont encore pires pour les femmes tamachek. La monogamie est la règle, même si les remariages sont fréquents ; la vie nomade, où la disette succède à l'abondance, interdit les familles nombreuses. La femme règne sur l'univers de la tente et en cas de divorce, c’est l'homme et non la femme qui est souvent contraint de partir. Détentrice de savoirs, elle inculque à l'enfant, dès sa prime jeunesse, les valeurs sociétales, en lui enseignant la musique, la poésie, l'écriture et la   divination. Quand les hommes partaient faire paître les animaux, commercer ou guerroyer durant de longues périodes, les femmes étaient dépositaires de la culture et des traditions dans les campements. La séparation des biens est le seul régime matrimonial connu chez les Touaregs même si certains biens communs sont affectés aux besoins du foyer. Dans tous les cas, bien que le mari soit formellement le responsable de la famille, les décisions, de toute évidence, se prennent ensemble. Sur le plan économique, la femme dispose de ses propres biens dont elle jouit librement sans que personne (père, frère ou mari) n’y trouve à redire. Tout au long du mariage la femme touarègue collectionne des bijoux de valeur, dont hériteront exclusivement sa ou ses filles. Après le mariage, la femme continue de gérer sa dot, qu'elle conserve en cas de divorce. Il faut, cependant, noter que la femme divorcée ne bénéfice d'aucune pension alimentaire.
Celle-ci est accordée aux enfants en bas âge, seulement lorsque la mère n'a pas les moyens de les prendre en charge. En outre, la coutume veut qu'en cas de rupture des liens du mariage, la garde des enfants se fasse en fonction du sexe de ceux-ci ou sur la base d'une concertation. C'est en général le père qui a la garde des garçons et la mère celle des filles. L'intérêt des enfants semble être pris en compte, le père se chargeant de la formation des garçons tandis que la mère veille à donner une éducation « modèle » aux filles. Le droit de visite est inviolable et il n'est pas rare de voir, un(e) ancien(ne) époux(se), séjourner longuement dans le campement où vivent les enfants dont l'autre a la garde.

Par Saoudata Aboubacrine

TINHINAN, Association pour l'épanouissement des femmes nomades
09 BP 709 Ouagadougou 09, Burkina Faso,  tel  /  fax : 226 50 35 82 75
 e-mail : tinhinan@yahoo.fr

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